I walk a lonely road
The only one that I have ever known
Don't know where it goes
But it's home to me and I walk alone.

"Boulevard of Brohen Dream" cette chanson me correspond bien quand on y réfléchit. "Boulevard des Rêves Brisés" ... Combien de rêves ai-je accompli ? Pourquoi chacun de mes espoirs, chacun de mes objectif s'envole loin sans que je puisse le rattraper ?

Rendre mes parents fiers ? Parti.
Garder le contact avec mes amis ? Envolé.
Prouver que je vaut quelque chose ? Effacé.
Suis-je quelqu'un de bien ?

Immédiatement, je me relève et sèche les larmes qui se sont mises à couler malgré moi le long de mes joues. J'ai eut accès à des choses formidables aussi. Equinoxe, Twenty, Solstice et Las Vegas par exemple ! J'ai rencontré des gens géniaux, des gens un peu moins géniaux mais toujours est-il que je suis heureuse ici. Je crois. Il va falloir que je me trouve de nouveaux rêves ici, et puis c'est tout.

Je soupire longuement puis me lève. Je jette un coup d'oeil à mon nouveau réveil tout neuf puis, constatant que j'ai du temps devant moi, je m'étire longuement. Un bruit attire alors mon attention : Ewa me regarde bizarrement, un peu comme si elle avait pitié de moi. Je me demande ce qui lui arrive. Puis je me rappelle ma petite déprime matinale et me rend compte que je dois encore avoir les yeux rouges.

- Ca ne va pas ?

Mais pourquoi tu me parles ?! Bien sûr que si ça va ! J'ai gagné le CSO, je ne pourrais pas aller mieux, non ? Bon d'accord, le cross se présente un peu moins bien vu mon manque d'entrainement avec Equinoxe mais bon, à supposer que je ne dépasse pas Ewa et Isaho -ce qui est fort possible d'ailleurs-, je serais tout de même deuxième. Ce qui est une place tout à fait respectable, non ?

Je lui lance tout d'abord un regard noir, plus par réflexe que par méchanceté, avant de me reprendre et de lui répondre gentiment avec un enthousiasme plus ou moins feint :

- Oh si si, ne t'inquiète pas. Un mauvais rêve rien de plus.

Je souris à ma colocataire pour la rassurer mais elle s'éloigne déjà. Bizarrement je ne suis pas totalement sûre qu'elle ai entendu ma petite phrase gentille. Enfin ce ne serait pas étonnant qu'elle n'ai retenu que mon regard noir. Ca lui fera un beau prétexte pour me gueuler dessus, dans un futur très proche je pense.

Mais comme je n'ai pas que ça à faire que de justifier mais petites nostalgies passagères, je rassemble mes affaires et rejoins la salle de bain pour me préparer rapidement. Parce qu'à force de se faire des politesses on va finir par être en retard toutes les deux.

Lorsque je sors enfin de la salle de bain, Ewa a déjà déserté la chambre. Elle va être super en avance pour préparer Isaho ! A moins que ce ne soit moi qui suis en retard. Pourtant la petite lumière de son réveil me confirme que non. Bah ! Elle fait bien ce qu'elle veut ! J'engloutis donc mon petit déjeuner, attrape ma bombe, ma cravache et mes bottes et me dirige vers l'écurie de CSO.

J'arrive à l'écurie de CSO toute essoufflée d'avoir couru tout le chemin. Il faut dire que j'ai peut-être un tout petit peu oublié que j'étais la deuxième à passer ! Boite de pansage, bombe et cravache dans une main et équipement dans l'autre, je me dirige vers le box 12 ou m'attend ma jument préférée. Je pose mes affaires devant son box et m'accoude à sa porte pour la saluer :

- Equinoxe ma chérie ! Sa va ?

Apparemment, la belle akhal-téké est de bonne humeur car elle lâche un petit hennissement et délaisse son foin pour venir me dire bonjour. Je souris puis je lui grattouille l'encolure puisque je sais qu'elle adore ça. Equinoxe se détend puis commence elle aussi à me grattouiller l'épaule et je la laisse faire. Après tout, les chevaux font ça entre eux et le fait de grattouiller aussi l'autre veux dire que l'on ai soit en dessous, soit au même niveau que lui dans la hiérarchie équine. Après tout, c'est ça. Equinoxe et moi sommes proches et même si je suis sensée être supérieure, je préfère qu'elle me considère comme une amie que comme son seul patron.

Je continue de la caresser pendant quelques minutes avant de me rendre compte que le temps ne s'est pas arrêter pour moi et qu'il faudrait que je songe à la préparer. Je lui met donc son licol puis sa longe. Une idée me vient alors. Peut-être qu'elle apprécierait de brouter un peu ? J'attrape donc la longe, ma boîte et pansage et je l'amène dans le pré le plus proche. Mais je ne la lâche pas pour le moment : j'accroche la longe à la barrière de façon à ce qu'elle puisse atteindre l'herbe sans avoir à tirer.

- Bah voilà ce sera déjà plus sympa comme ça !

Mon étrille en main, je commence donc à faire de grands cercles sur les parties charnues pour en chasser la poussière, les brins de paille et les peaux mortes qui ont élus domicile sur sa robe. Une fois que mon étrille ne décolle plus rien, j'attrape mon bouchon. Malgré mes efforts avec l'étrille, la brosse dure continue de déloger peaux mortes, brindilles et autres saletés de sa robe. Mais je continue patiemment mon pansage, faisant de de petits mouvements vifs d'abord à rebrousse-poils puis dans le sens du poil pour retirer tout ce qui pourrait empêcher ma petite akhal de se sentir bien. Après ça, je m'empare de ma brosse douce puis de mon époussette et d'un lustrant pour fignoler et faire briller son poil. Après tout, jument brillante, poil brillant, non ?

Cela fait, je passe aux sabots, armée d'un cure-pied et de mes crampons puisque l'épreuve d'aujourd'hui est cross. Je retire tout ce qui s'est coincé sur ses sabots puis entre ses fers et la sole puis j'attrape les crampons et commencent à les visser des les mortaises. Je les ai déjà graissé pour le cross mais apparemment l'humidité du terrain et la crasse du pré et du parcours ne leurs ont pas plu ! Aussi, j'attrape à nouveau de la graisse -verte cette fois- et l'étale soigneusement avec un pinceau sur la sole puis sur la corne de ses sabots.

Comme tout est bon, je passe aux crins mais les pions que je lui avais fais pour le CSO sont encore là et en bon état. J'attrape donc ma laque et entreprend de les recouvrir à nouveau d'un petit pshiit pour rassembler les quelques crins qui se sont détacher et pour être sûre qu'ils tiennent jusqu'à la fin de l'épreuve. Je passe ensuite à la queue mais, miraculeusement, elle est encore intact. Ou presque. Equinoxe me lance un regard moqueur "Ah c'est bête ce qui t'arrive ! Tu vas devoir la refaire ! Ca alors ... J'avais pourtant fait tellement attention !" Je lui tire la langue puis me met au travail. Démêlant dans une main, brosse à crins dans l'autre, je défais d'abord ce qui reste de la splendide tresse que j'avais faite puis j'entreprend de dilapider tous les noeuds qui restent. Lorsque sa queue ressemble enfin à quelque chose, je m'arme de la boîte d’élastiques et commence à tresser, mettant un élastique rouge à chaque rangée afin de prévenir tout le monde qu'il arrive à Equinoxe de botter. Une fois tout cela terminé, je recule de quelques pas pour admirer le résultat qui, il faut le reconnaître, est impeccable :

- Ca y est tu es parfaite !

Le harnachement maintenant ! Je la ramène donc devant son box pour qu'elle évite de se ressalir le temps que je lui mette la selle et tout le reste. J'accroche donc la longe avec un petit noeud d'écurie et commence par attraper mon tapis dans une main et mon amortisseur dans l'autre pour les pose l'un après l'autre sur l'encolure de ma jument avant de les faire glisser doucement vers son dos pour éviter que les poils ne soient dans le mauvais sens, ce qui pourrait la gêner. Je saisis ensuite ma selle de saut et troque ma sangle normale contre une sangle à bavette, plus paratique pour le cross. Je la hisse ensuite sur son dos et la dégarrotte avant de la sangler de quelques trous, sachant que je la ressanglerais de toute façon juste avant de monter. Je me place ensuite devant elle, attrape son antérieur et la fait le tendre devant elle afin qu'il n'y ai pas de plis sous sa sangle. Je refais la même chose avec l'autre antérieur puis lui met son licol en collier de chasse pour éviter une de ses magnifiques courses-poursuites que j'ai déjà subit un peu trop souvent ! Car même si Equinoxe s'est calmée, prudence est mère de sûreté, non ? Filet en main, je lui passe donc le mors, boucle la sous-gorge et la muserolle puis flatte son encolure.

- Eh bah ça y est ! On est toutes prêtes !

Avant de partir je fais tout de même l'inventaire. Selle, bride, pansage, cheval (important), protections ... Ah bah non pas protections ! J'attrape une paire guêtres, de protèges-boulet et de cloches et lui pose : guêtres et cloches sur les antérieurs puis protèges-boulet sur les postérieurs, tout en veillant à ce que les attache soit toujours positionnées à l'extérieur, en direction de l'arrière. Je vérifie que tout est bien mis puis j'attrape les rênes d'Equinoxe, qui attend sagement que je me décide enfin à bouger.

- Bon aller cette fois c'est la bonne !

Je flatte l'encolure de ma jument puis inspire une dernière fois pour évacuer le peu de stresse qui m’opprime avant de me diriger vers le manège pour la détente.

Rênes en main, je me dirige vers la zone dédiée à la détente. En traversant les écuries de CSO, je croise Anne, ma rivale sur ce parcours mais aussi et surtout une amie. Après tout nous possédons ensemble un poulain en demie-pension ! Je souris en pensant à Solstice puis je remarque qu'Anne me salue d'un signe de tête. Je lui souris et la salue aussi avant de reprendre ma route. Après tout, ce n'est pas parce qu'elle passe après moi qu'elle a besoin de moins de temps pour s'occuper de son cheval.

Avant d'aller au manège cependant, je passe devant le tableau d'affichage où le parcours est affiché. Sachant qu'un parcours de cross est beaucoup plus long à découvrir et à appréhender avec tous ses changements de terrains et son relief irrégulier, je suis allé faire ma reconnaissance tranquillement la veille, juste après Onyx L. Racing, mon ennemie de toujours. Je me demande comment est-ce que nous sommes devenues ennemies ... Mais ce n'est pas vraiment le moment d'y réfléchir et encore moins de réfléchir sur quelque chose qui la concerne elle. Je me reconcentre donc sur le schéma du parcours pour me remémorer l'ordre des obstacles et leur taille, le nombre de foulées entre et autres détails qui feront peut-être la différence entre la première et la deuxième place. Aujourd'hui, je suis la deuxième à passer l'épreuve et il y a donc déjà Ewa et Isaho en train de faire leur détente dans le manège. Je la salue d'un signe de tête puis je lui demande :

- On peut entrer ?

Je n'attend pas vraiment sa permission mais la politesse exige que je lui demande avant, ne serait-ce que pour la prévenir de mon arrivée. Ma colocataire acquiesce puis guide son magnifique andalou vers la lettre C. J'attend qu'ils se soient éloignés un peu de la porte pour entrer et guider Equinoxe jusqu'au centre de la structure où je commence par dégarrotter avant de resserrer sa sangle d'un trou. Après m'être mise en selle, je vérifie la taille de mes étriers mais comme il s'agit de ma selle de saut, ils sont à la bonne taille.

Equinoxe étant la plus associable des juments, je n'ai aucun problème à la diriger dans un coin où nous ne seront pas gênées par Isaho et Ewa pour détendre. Je commence en faisait passer ma jument au pas sur la piste, veillant à ce qu'elle garde une allure active et une bonne impulsion. Après un tour de piste au pas, je commence à faire quelques figures simples comme des cercles de 20m ou des doublers afin de l'assouplir et de l'incurver un peu. Je passe ensuite sur les figures comme des diagonales ou des demies-voltes pour la travailler au deux mains car le parcours comporte à la fois des obstacles à main droite et à main gauche.

Au bout de quelques figures de basse-école, ma jument commence à se faire plus légère sur ma main. Avant de la passer au trot, je prend le temps de rectifier ma position : talons bas, mollets au contact, genoux légèrement écartés, mains posées ... Une fois satisfaite, je presse mes mollets pour la faire passer au trot. Je m'installe tout d'abord au trot enlevé et recommence par des figures simples et exigeant peu de souplesse en attendant que les muscles de ma jument se détendent : doublers, diagonales, cercles, puis j'inclus dans mon parcours des transitions pas-trot ainsi que des voltes, demie-voltes et des petites diagonales pour la faire travailler au deux mains et la mettre à l'écoute. Lorsque je sens qu'elle commence à être plus à l'aise et à avoir une allure plus détendue, je lui demande le galop. Elle part d'un galop cadencé mais un peu trop rapide, aussi je la ralentis d'une légère pression sur les rênes :

- Eh ! Doucement bébé, garde tes forces pour le parcours !

Lorsque son galop atteint sa vitesse de croisière, je me met en équilibre et exécute un contre changement puis une diagonale pour la faire faire un changement de pied qu'elle réussit sans trébucher ou rompre sa cadence. Je la conduis ensuite sur un cercle de 20m, veillant à l'incurver comme il faut et à ne pas percuter Isaho. De retour sur la piste, je lui demande une transition descendante sans me rasseoir puis, lorsque ses foulées sont à nouveau cadencées, je la fais changer de main par un doubler dans la largeur et lui fais faire une volte pour l'incurver à l'autre main.


Tout allait donc très bien jusqu'à ce qu'Anne fasse son entrée sur Broken Heart. Equinoxe a beau n'être pas très sociable à la base, le fait qu'un étalon se pavane pour ses beaux yeux n'a pas l'air de lui déplaire. Elle lâche un long hennissement auquel Broken répond en paradant encore plus. D'une pression de jambes, je demande à Equinoxe de prendre le galop pour l'éloigner de l'étalon. Je souris en voyant qu'Anne n'en mène pas plus large que moi : sur le dos de son arabe, elle a l'air de batailler pour reprendre le contrôle. Apparemment, c'est le moment de passer sur les obstacles, en espérant que le fait de sauter aide ma jument à se recentrer.

Je saute tout d'abord une croix d'environ 60cm. Ce n'est peut-être pas haut mais elle n'en ai pas moins impressionnante avec ses barres accrochées presque tout en haut des chanceliers ! Equinoxe la saute avec souplesse puis je la guide vers les autres obstacles, qu'elle saute avec la même adresse.

- Le premier couple à entrer sur le parcours sera Ewa Jenkins et son cheval Isaho de la Luna !

Je remarque à ce moment-là qu'Ewa et Isaho ont déjà quitter le manège pour rejoindre la carrière et je me prépare donc moi-même à entrer sur le parcours : je fais repasser Equinoxe au pas avant de la faire sortir du bâtiment. Ewa est déjà partie lorsque nous rejoignons la carrière. Une bonne femme nous ouvre et nous nous remettons au trot pour ne pas perdre le rythme acquis pendant la détente. Bientôt, notre tour arrive :

- Le second couple à entrer sur le parcours sera Klaamka Harjy et sa jument Equinoxe des Neiges !

Toujours en selle, je guide Équinoxe jusque sans la carrière, alias le point de départ de cette dernière épreuve. Je la fait passer au trot et rejoind ainsi la tribune des juges. Je les salut puis nous présente :

- Klaamka Harjy sur Équinoxe des Neiges.

Pour les concours inter-club, nationaux et autres, j'aurais du décliner aussi le nom du centre pour lequel je cours mais aujourd'hui, seuls des cavaliers de l'Élevage concourent alors ce n'est pas vraiment utile. Les jugent m'indiquent d'un signe de tête que c'est bon et je passe au galop en attendant la cloche qui me donnera le départ. Lorsque le gong retentit, Équinoxe part à fond de train. Immédiatement, je me met légèrement en arrière sur ma selle pour éviter de tomber si jamais elle décidé de donne un coup de cul. Ce serait quand un peu bête de tomber avant même d'avoir commencer mn parcours ! Je tente de la ralentir à l'aide de demis-arrêts répétés et Équinoxe cède enfin quelques foulées après que l'on ai quitté la carrière. Cette fois, c'est parti !

Notre premier obstacle est un petit saut de puce composé de deux verticaux de 60cm mais bon je ne m'inquiète pas pour la hauteur, tout le parcours se situe largement dans les cordes de ma chère petite Equinoxe. Mais bien sûr, comme de toute façon rien n'est jamais simple avec elle, en voyant l'obstacle Equinoxe donne un coup de tête pour essayer de m'arracher les rênes puis accélère.Je m'assoie donc dans ma selle, mains posées, épaules légèrement reculées pour la faire ralentir encore un peu.

- Eh ! On ne charge pas !

J'arrive à obtenir un galop de travail quelques foulées avant le premier obstacle. Je me met alors en équilibre, Equinoxe se rassemble, bat des antérieurs puis des postérieurs nous nous élevons au-dessus de l'obstacle. BONG ! Ses sabots antérieurs percutent l'obstacle mais ma jument réussit à se réceptionner correctement et, deux foulées plus loin, saute le deuxième obstacle. Mais elle saute au-dessus, cette fois ! Frustrée (si tant est qu'un cheval peut être frustré) d'avoir raté le premier obstacle, Equinoxe lâche un petit hennissement.

- Ah bah oui ma grosse ! Faut lever les pieds !

Parce qu'effectivement, depuis qu'elle a découvert qu'elle pouvait sauter haut, ma jument ne respecte plus trop les barres basses. C'est vrai que des barres basses ne sont pas digne de sa personne ! Elle se contente donc de les enjamber nonchalamment ... Sauf que manque de bol, elle a beau avoir des grandes jambes, au galop avec soixante centimètres et bien enjamber ne suffit pas ! Espérons qu'elle fera mieux sur la stère qui arrive ! Parce qu'effectivement, du haut de ses 50cm, cet obstacle est tout sauf impressionnant. Enfin, du point de vue d'Equinoxe.

Mais comme je tiens tout de même à lui montrer que c'est un obstacle comme un autre, je m'assoie et me lève trois foulées avant l'obstacle. Mais cette fois, ma jument semble avoir compris qu'il faut sauter et daigne lever ses jambes. Enfin, disons qu'elle a juste fait en sorte de ne pas toucher l'obstacle, ce qui fait que son saut était si petit que je ne l'ai même pas senti passer. Mais bon ! Avec le contre-bas de 1m qui vient, j'ai hâte de voir comment elle va se débrouiller ! Equinoxe s'entend bien avec les contrebas mais je pense qu'elle ne s'attend pas à tomber d'un mètre de haut au milieu d'un parcours de 50cm. Bon d'accord j'exagère un peu, il y a même un obstacle de 90cm et plusieurs de 80cm.

Vient donc ce fameux contrebas. Equinoxe se rassemble et se jette dans le vide sans hésitation, tandis que je fais passer mon poids du corps vers l'arrière en me penchant pour éviter de plonger par dessus bord à la réception. Réception très chaotique d'ailleurs parce qu'apparemment j'avais vu juste : ma jument, qui ne s'attendait absolument pas à tomber si bas, se réceptionne comme elle peut et je suis ballottée pendant plusieurs foulées comme un vulgaire sac de patates en attendant qu'elle arrive à retrouver son équilibre.

Nous longeons la lisière de la forêt quelques foulées avant d'arrivée à une haie. Je me remémorise ma reconnaissance : elle est haute de 80cm, ce qui n'est pas un problème, et est suivie de près par un vertical de 70cm. Comme lors de notre entrainement de cross, Equinoxe survole la haie sans toucher les tiges qui la surplombe et se dirige sans hésiter vers le vertical, qu'elle saute avec la même aisance.

Nous sortons alors de la forêt pour atteindre le sixième obstacle. Eblouie, Equinoxe ralentit mais je met des jambes pour la rassurer et, éventuellement, l'empêcher de repasser au trot. Mais je ne la presse pas : j'ai appris que les chevaux ont un temps d'adaptation lumière/obscurité plus long que celui des hommes et sont parfois complètement aveuglés lorsqu'ils changent d'un lieu très sombres à un lieu très lumineux. Et se serait embêtant que nous arrivions sur l'oxer alors qu'Equinoxe ne voit rien. Pour cet obstacle, je décide de prendre l'option. Je laisse donc ma jument continuer tout droit et je la fais tourner juste avant que nous arrivions au niveau de l'obstacle, de façon à ce qu'elle soit droite face à lui. Equinoxe, qui a apparemment recouvert la vue, s'envole par dessus les deux barres, pendant que je place mes aides pour demander un changement de pied du galop à gauche vers un galop à droite. Ma jument réatterrit souplement, au galop à droite comme prévu, et nous abordons le tire-botte suivant en prenant aussi l'option. Il faut dire qu'avec ses obstacles demandant rigueur et précision dans le tracé, il vaut mieux arriver vraiment droit. Nous en sommes à la moitié du parcours et nous rentrons à nouveau dans la forêt, mais cette fois Equinoxe ne ralentit pas. Elle saute le petit vertical avec haie de 50cm à peine avec facilité, en effleurant à peine les tiges qui le couronne, puis change naturellement de pied au galop. Bon, il faut dire que cette fois j'avais un peu oublier de lui demander le changement.

Vient alors un gué. Au cours de nos deux entraînements de cross, Equinoxe à eut du mal à comprendre qu'il ne faut pas sauter un gué, mais je crois qu'elle a compris maintenant. Enfin j'espère. Comme pour nos précédentes séances, je reste assise à l'abord et me prépare à la mettre en déséquilibre si elle menace de sauter. Mais ma jument a comprit et fonce droit dans l'eau, sans faire mine de sauter. Au moment où, surprise par la température de l'eau, je pousse un petit cri, Equinoxe lâche elle aussi un hennissement strident. Il pourrait quand même faire un effort sur le gué, je sais pas moi, faire un gué chauffé par exemple ! Surtout que nous sommes obligée de patauger super longtemps car ce n'est pas seulement un gué mais c'est un gué avec bateau. Et ça change tout ! Apparemment pressée de sortir de là, ce qui est compréhensible, Equinoxe saute le bâteau sans faire attention et le percute avec ses postérieurs. A la réception, elle trébuche, éclabousse tout le monde à 50m à la ronde puis se relève et repars au galop comme elle peut.

- Ah bah c'est malin ! Avec tes bêtises, on n'est pas sorti plus vite mais en plus on est complètement trempées !

Enfin bon. Il reste trois obstacles et j'ai bien l'intention de finir au plus vite, avant qu'Equinoxe ne recommence à faire n'importe quoi ou à fatiguer. Je presse mes talons contre les flancs de ma jument en apercevant l'open ditch quelques foulées plus loin. En entrainement, je l'avais surnommé "vertical punk" et je maintiens que ce surnom lui convient à merveille ! Les palissades de bois, coiffée d'une houppette de paille, s'élève à 90cm. Je pousse Equinoxe à accélérer légèrement la cadence, car notre petit séjour dans l'eau l'a fait ralentir. Trois foulées avant l'obstacle, comme toujours, je me met en équilibre, sans raccourcir mes rênes pour lui permettre une certaine liberté de mouvement pendant le saut. Pendant notre petit plané, je lui redemande de passer au galop à droite : même si ma jument est parfaitement capable de sauter un obstacle à faux, le prochain virage s'annonce serré et je vois mal Equinoxe, si douée soit elle, abordée un obstacle à faux et en plus en déséquilibre.

Equinoxe se réceptionne donc au galop à droite puis tourne presque sur elle même de façon à se retrouver face à notre petit oxer de 50cm. Après quelques foulées, elle le saute nonchalamment, en manquant de peu de heurter la barre pendant la phase descendante de son saut, puis elle se réceptionne souplement. Plusieurs foulées nous séparant du dernier obstacle, je lui demande un changement de pied : autant éviter de se foirer maintenant ! Le tout dernier obstacle, l'Ultime, est une petite haie biface, semblable à celle que nous avons croisé en entrainement mais avant pas mal de centimètres en moins. Equinoxe la saute avec facilité pour, pour la dernière ligne droite, je la laisse tracer : je détend mes rênes et d'un coup de talon je la pousse à accélérer :

- Vas-y ma belle ! Montre-leur ce que tu vaux !

Equinoxe accélère, dépasse la ligne d'arrivée et continue, continue, continue ... Malgré mes efforts, mes cloques et mes appels pour tenter de l'arrêter, ma jument ne faiblit pas. Elle continue de foncer tout droit, manque de renverser quelques curieux avant d'entrer en trombe dans la carrière. A bout de nerfs, je tire un grand coup sur les rênes. Sauf qu'elle n'apprécie pas du tout, du tout et part en coup de cul, apparemment bien décidée à se débarrasser de moi. Un coup de cul, deux coups de cul, trois coups de cul ... Je finis par perdre un étrier au quatrième. D'un grand coup de tête, Equinoxe m'arrache les rênes puis lance un nouveau coup de cul qui m'envoie valser dans le décor.

Je me relève comme je peux, m'attendant à devoir courir derrière ma jument à travers tout le parcours de cross mais elle m'attend sagement à quelques mètres de là en me regardant avec de grands yeux innocents : "J'ai rien fait ! Tu es tombée toute seule !". Je récupère les rênes en rigolant :

- Mais oui Equinoxe ! Tu es blanche comme neige et puis ce n'est pas de toi qui as filé des coups de cul, par le plus pur des hasards ?

Equinoxe me regarde avec de grands yeux, l'air de dire : "Quoi ? Moi ? J'aurais jamais osé ! C'est mon derrière qui a tout fait ! J'ai essayé de l'en empêcher mais tu comprends, j'ai rien pu faire ..." Je rigole et flatte son encolure, avant d'attraper les rênes pour la mener au box.

- Mais oui bien sûr ! Il est si fort, ce derrière !

Je soupire d'épuisement en ramenant Equinoxe à son box. Elle a été géniale bien sûr mais je crois que le cross doit être l'épreuve la plus crevante ! Un coup on saute vers le haut, un coup on saute vers le bas, un coup dans l'eau, un coup sur terre ... Pfiouuu ! Le prochain qui dit que l'équitation n'est pas un sport je lui fait manger ma selle !

Lorsque que je rentre dans son box, Équinoxe me donne un coup se tête en hennissant. D'une main, je la repousse en bougonant mais, quelques secondes de répit plus tard, j'ai le droit a un nouveau coup de boule :

- Eh Équinoxe doucement ! Chui pas un pushing ball !

De nouveau, Équinoxe lâche un nouvel hennissement strident qui m'enlève au moins 3points d'audition. Si tant est que l'audition se compte en point ... Je lui demande doucement de se calmer, en priant pour que ma voix l'apaise. Peut être que comme ça, j'arriverais à sauvegarder mes oreilles presque intactes ! Mais Équinoxe commence à faire de grands mouvements de tête en hennissant de nouveau. Cherchant un moyen de la faire taire, je regarde autour de moi et aperçoit un pré un peu plus loin.

- Tu veux sortir c'est ça ?

Au mot "sortir", Equinoxe lâche un nouveau hennissement à réveiller un mort. Je rigole puis attrape son licol et sa longe pour l'amener vers la pâture. La longe dans une main, j'attrape ma boîte de pansage dans l'autre pour pouvoir la panser au pré, pendant qu'elle broutera tranquillement. J'oublie souvent qu'elle déteste être enfermée ... Mais bon, je ne peux pas non plus la mettre au pré tous les jours ! Rien que pour le pansage, additionné au temps passé à essayer de la récupéré, j'y passerais la journée ! Mais quelque part, peut-être qu'elle serait plus calme à monter ensuite ... Bah ! On verra bien !

Une fois dans le pré, je l'accroche à la barrière de façon à ce qu'elle ne puisse pas me fausser compagnie. Je commence par passer un coup d'étrille américaine, pour virer la terre et la poussière qui s'est amassée dans le poil crème de ma jument. Après plusieurs à passer de grands coups sur toutes les parties charnues d'Equinoxe, j'attrape une étrille ronde et entreprend de faire quelques cercles mais il n'y a plus grand chose à enlever, aussi je passe vite au bouchon. Je la passe soigneusement, en commençant par l'encolure. Epaule, garrot, dos, croupe ... Je fais d'abord tout le corps avant de passer aux membres. Je passe un long moment à brosser avant de réussir enfin à enlever la boue de ses jarrets mais après plusieurs minutes à batailler pour qu'elle arrête de gigoter des que je brosse ses postérieurs, le résultat est satisfaisant. J'essuie la boue qui macule ma brosse dure avant de prendre ma brosse douce pour faire le même travail, bien que ce ne soit pas la même quantité de poussière qui se dégage de sa robe. Lorsque plus rien ne sort à chaque coup de brosse, je passe au cure pied. Je gratte la sole et les lacunes latérales, de façon à bien dégager la fourchette. Je regarde un moment mon graisse avant de me rappeler que j'ai graissé ses pieds le matin même.

- Bon bah voilà ! On dirait que j'ai terminé !

Je flatte une dernière fois l'encolure d'Equinoxe avant de lui retirer le filet. Immédiatement, ma jument part au galop et lâche plusieurs coups de cul joyeux. Je souris puis sors du pré pour la laisser se défouler tranquillement. Quoi que je me demande si elle a encore assez d'énergie pour tenir encore longtemps debout. Il est temps pour moi d'aller voir les résultats maintenant.